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Yves Parlier

Originaire de la région Parisienne, Yves Parlier voyage d’abord en mer à travers les différents tomes de la saga des Damien que son père lui a offerts et qui racontent l’histoire d’une incroyable odyssée : celle d’un bateau de 10 mètres, le Damien, skippé par deux copains partis en 1969 de La Rochelle et qui ont sillonné le monde durant cinq ans. Yves Parlier a 12 ans au moment de cette lecture. Elle revêt pour le futur marin un caractère fondateur.

La naissance d’une passion

Yves Parlier se passionne, dès lors, pour la mer et les bateaux mais aussi pour l’art de la navigation et la météorologie qui l’intéresse fortement, à tel point qu’il tente le concours pour entrer à Météo France quelques années plus tard. Ses connaissances poussées en météo l’aideront plus tard durant ses courses au large, mais aussi pour comprendre les écosystèmes et les phénomènes naturels. Chaque été, Yves Parlier se rend sur le Bassin d’Arcachon. C’est là notamment, ainsi que sur les lacs de la région parisienne dans lesquels il immerge ses premiers esquifs, qu’Yves Parlier tombe éperdument amoureux des bateaux et de la voile. C’est alors décidé ! Il mènera une vie de marin.
Dès ses 15 ans, il devient chef de bord, assure le commandement du bateau et possède la responsabilité de l’équipage et du navire avec les jeunesses nautiques de France. Il réalise plusieurs expériences de skipper de course croisière de l’EDHEC. Après ses premières courses, il décide d’orienter ses études vers la connaissance des matériaux dits composites car constitués d’au moins deux matériaux de nature différente qui, une fois combinés, permettent d’obtenir un nouveau matériau plus performant. Yves Parlier profite pour parfaire son expertise de son implantation bordelaise, Bordeaux étant à l’époque la capitale mondiale des composites et des entreprises locales spécialisées. Le jeune homme étudie ainsi à l’Université de Bordeaux et obtient un DEST (diplôme d’études supérieures techniques) matériaux composites. Une fois son diplôme en poche et une solide connaissance des matériaux acquise, il décide de construire son premier bateau.
À 20 ans, Yves Parlier découvre la course et remporte celle qui est la plus reconnue 4 ans plus tard : la transatlantique. Il a seulement 24 ans, et le navigateur enchaîne les victoires. Il devient alors l’un des skippers français les plus en vogue.

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L’ingénieur et l’aventurier

En plus des voiles et du vent, Yves Parlier est passionné de sports extrêmes et pratique le parapente. En 1998, il chute de 200 mètres en essayant une nouvelle voile. Le traumatisme est grave : fracture du tibia, du péroné et de la hanche. Son nerf sciatique est aussi touché. Après cette chute qui aurait pu lui coûter la vie, Yves Parlier fidèle à ses convictions, refait surface et décide de ne pas abandonner ses projets maritimes. Le 5 novembre 2000, il est de retour sur la ligne de départ pour courir son 3ème Vendée Globe.
Yves Parlier est un grand skipper de course au large, mais il est aussi présenté comme « l’ingénieur des mers ».

Depuis très jeune, Yves Parlier s’est penché sur les secrets de la construction navale. Après l’obtention de son DEST matériaux composites, il décide de mettre à profit ses compétences dans son domaine de prédilection : la navigation. En 1985, il participe à sa première course sur son premier bateau, un mini transat de 6,50 mètres. Ce dernier couronne sa formation d’ingénieur en matériaux composites par un test grandeur nature. Il est le premier bateau de course équipé d’un mât en carbone et devient un précurseur dans le domaine de l’ingénierie et de la navigation. En signant un nouveau record pour rejoindre Brest à pointe à Pitre en 31 jours, 20 heures, 37 minutes, Yves Parlier marque les esprits et entame un parcours singulier alors qu’il n’a que 24 ans.
Son goût pour l’innovation et l’ingénierie et sa vision futuriste lui ont permis d’être à l’origine de nombreuses premières mondiales telles que l’invention du mât aile et du mât en fibre de carbone, qui sont devenus aujourd’hui incontournables pour les courses.

Yves Parlier a développé plusieurs bateaux dont un monocoque de 60 pieds avec le sponsor Aquitaine Innovations. Pour ce bateau, il s’est entouré de Jean-Marie Finot, célèbre architecte naval avec qui il est parti d’une feuille blanche pour innover. Ce bateau a été extrêmement performant et novateur, et a remporté de nombreuses courses.
Plus tard, le navigateur aquitain crée le premier Hydraplaneur catamaran de 60 pieds qui remportera le record de distance parcourue en 24 heures en monocoque en solitaire et en équipage. Ce prototype en matériaux composites intègre encore une fois beaucoup de premières mondiales notamment un mât en carbone et un haubanage en kevlar. L’hydraplanneur deviendra quelques années plus tard, Le SeaKite, premier navire zéro émission tracté par kite et démonstrateur de nouvelles technologies commercialisables dont son système SeaKite, aile de kite automatisée pour décarboner le transport maritime, développé par son entreprise Beyond the Sea et son consortium.

Désireux d’agir pour la planète et d’utiliser le vent dans ses réalisations, l’innovateur et ingénieur Yves Parlier applique aujourd’hui la traction par kite sur ses innovations nommées LibertyKite et SeaKite au sein de son entreprise Beyond the Sea.

L’innovation justifiée par l’expérience

Yves Parlier a réparé son catamaran démâté au milieu de l’océan et est devenu une légende.
Le 5 novembre 2000, 2 ans après son accident de parapente, Yves Parlier se tient sur la ligne de départ aux Sables d’Olonne pour tenter d’aller au bout de son rêve de marin, gagner la course tant de fois rêvée, l’Everest des Mers : Le Vendée Globe.
La course démarre pour le mieux pour le navigateur, il descend l’océan Atlantique en direction du Sud et il est en tête de la course pendant plusieurs jours. Durant la troisième semaine de course, au large des îles Kerguelen, il évolue dans un fort coup de vent qui lui permet d’aller très vite.
Au bout de quelques miles, son bateau laisse apparaitre des signes de faiblesses. Toujours propulsé par un vent très fort et sur une mer déchaînée, le bateau se plante brusquement dans une grosse vague. Sous la violence du choc, le bateau Aquitaine Innovations qu’il a construit démâte au large des îles Kerguelen, au milieu de l’Océan Indien. Le mât est cassé en trois morceaux. Hors de question pour Yves Parlier d’abandonner ! Yves Parlier fait cap sur la baie de l’île Stewart pour réparer le mât de son bateau.

Il imagine de nombreuses solutions et finit par adopter une solution qui consiste à confectionner un manchon en carbone qui sera relié entre le mât restant et la tête de mât du bateau. Pour réaliser cela, le marin doit réussir à fabriquer un four sur son bateau avec le matériel qu’il possède et sans l’aide de personne, sinon il serait disqualifié de la course. Yves Parlier rassemble son réchaud à gaz, 5 ampoules, sa couverture de survie et son sac de couchage. Il effectue un travail colossal et extrêmement fatiguant mais réussit sa mission. Dix jours après être arrivé sur l’île Stewart, le compétiteur peut repartir avec un mât de 18 mètres au lieu de 27 au départ. Il est dans un état de fatigue très important à tel point qu’il met deux jours pour installer la grand voile sur son bateau et s’endort dedans.

Son bateau navigue correctement. Yves Parlier estime son temps restant en mer à 60 jours. Son stock de nourriture est presque vide. Il est affamé et a perdu beaucoup de poids. Pour reprendre des forces, il décide de pêcher des algues et de les manger. Il en devient rapidement écœuré. Son moral est au plus bas pendant deux jours, et il ne suit plus du tout le rythme imposé pour gérer sa ration journalière de nourriture. En deux jours, suite à des soucis de communication avec la terre qui le minent, Yves Parlier dévore les réserves de quinze jours de chocolat et de fromage et toutes les denrées hors ration quotidienne. Au bord de l’abandon, il reprend un peu d’espoir en réussissant à réparer son téléphone satellite et à appeler un ami qui le rassure, le raisonne et lui conseille de se concentrer sur la pêche. Il pêche de nombreux poissons et cela lui permet de rejoindre le port des Sables d’Olonnes. Le 16 mars 2001, au bout de 126 jours, 23 heures et 16 minutes de course, Yves Parlier franchit enfin la ligne d’arrivée, 13e au classement général, mais vainqueur de lui-même et dans le cœur des Français.

Le 14 juillet 2002, son courage a été honoré par la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur. En repensant à ce qu’il a vécu lors de ce Vendée Globe, Yves Parlier développera quelques années plus tard, le LibertyKite, une aile autostable dédiée à la sécurité des marins.

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Sortir des sentiers battus pour aller plus loin

Yves Parlier est surnommé l’extraterrestre par ses compères
Dès sa première course en solitaire, la mini Transat, ses connaissances de la climatologie et des différentes routes maritimes valent à Yves Parlier la victoire. Mais, c’est en 1991 que le navigateur reçoit son surnom d’extraterrestre pour sa science de la météorologie durant la Solitaire du Figaro. Pendant la troisième étape, il est en tête de course et il fait cap sur une bulle anticyclonique. Il décide alors de contourner cette bulle et de laisser les autres concurrents se diriger dans la pétole.

Cette décision a permis à Yves Parlier d’arriver le lendemain soir avec 7 heures d’avance par rapport aux autres skippers. Lionel Péan, ancien skipper, bluffé par la performance d’Yves déclare « Il a un petit doigt d’extraterrestre ». Il n’a pas saisi comment il avait réussi à identifier ce piège. Michel Desjoyeaux, ancien navigateur et second de cette Solitaire du Figaro a décrété : « <dans la catégorie homme, je suis le premier, Yves Parlier est un extraterrestre. ». Alain Gautier, lui, a écrit sur son tee- shirt à une arrivée de course où Yves l’avait battu « E.T : go back home », en référence à son surnom d’extraterrestre.
Sa curiosité technique rivalise avec un moral d’acier qui en dépit des coups durs, du découragement parfois, lui permettent de surmonter les défis d’aujourd’hui et de préparer ceux de demain en poursuivant inlassablement ses recherches pour inventer de nouvelles solutions dans la survie des marins, l’innovation hydro et aérodynamique qu’illustre notamment la création de LibertyKite, le bateau Le SeaKite ou le système SeaKite.
Yves Parlier est un skipper visionnaire qui a participé à l’évolution de la voile de haut niveau. Grâce à son diplôme d’ingénieur et son envie d’innover sans cesse depuis toujours, il a développé des solutions efficaces dans des domaines variés. L’ensemble de ses succès et de ses exploits, tant dans le domaine de la course au large que dans le développement d’innovations, lui ont permis de gagner une notoriété et une confiance très importante et de prouver la pertinence de ses choix et son esprit d’innovation. En 2014, après des années de compétition, Yves Parlier se tourne vers de nouvelles aventures : la propulsion vélique par kite.
« J’ai toujours cherché comment utiliser au mieux le vent sur des bateaux, hier pour gagner des courses, aujourd’hui pour économiser nos énergies fossiles. » – Yves Parlier

La concrétisation d’un parcours au service du futur

Après 30 ans à s’intéresser à la vitesse, la compétition et à l’optimisation de bateaux de course au large, Yves Parlier décide d’arrêter sa carrière avec la volonté de trouver des solutions pour décarboner la propulsion de tous les bateaux et d’accéder à une navigation plus propre.
Cette volonté d’agir pour l’environnement est un projet qu’il trouve indispensable aujourd’hui où les énergies fossiles sont toujours prépondérantes et où la dynamique économique est toujours favorable à leurs utilisations. Selon Yves Parlier, il est nécessaire de réfléchir à des technologies à base d’énergies renouvelables. Il est essentiel pour la civilisation de s’affranchir des énergies fossiles le plus rapidement possible. C’est une question de survie de la planète ou plus exactement de notre civilisation.
Après avoir réfléchi avec ses équipes sur la meilleure façon de permettre aux bateaux d’utiliser le vent, Yves Parlier en est arrivé à la conclusion que le kite est le moyen vélique qui possède le potentiel le plus important. En effet, c’est le système le plus léger qui permet de tracter des bateaux de grandes tailles. Un kite de 4 kilogrammes tire un bateau de 10 tonnes sans problème. Un kite de 400 kilogrammes est capable de tirer un bateau de 300 mètres de long. Cette technologie est adaptable à tous les modes de navigation, et tous les types de bateaux, et de manière la plus simple et la plus efficace possible pour l’environnement.
Beyond the Sea est née en 2014 afin de trouver des solutions permettant aux bateaux d’utiliser une énergie gratuite et naturelle : celle du vent.